Le Panier Bleu, lancé en avril 2020, était censé être la réponse locale à la domination d'Amazon, offrant aux petites et moyennes entreprises (PME) du Québec une plateforme pour vendre leurs produits locaux en ligne. Cependant, malgré les investissements importants d'acteurs clés tels qu'Investissement Québec, Desjardins, et le Fonds FTQ, le projet a échoué à prendre l’ampleur espérée et à stimuler l'achat local. Une piqûre de rappel pour le gouvernement montrant que l'argent ne fait pas tout dans le succès d'un projet et qu'il doit être dépensé avec parcimonie.

La solution pour le commerce de détail vient-elle nécessairement de l’extérieur ?

Cas du Panier Bleu

En mettant en avant Amazon et en annonçant la possible fermeture du Panier Bleu, le choix de la "facilité" semble avoir été fait : se tourner vers la grande compagnie qui accapare toutes les marges et qui est établie.

Pourtant, le Panier Bleu pourrait adopter une approche similaire à celle d'une start-up en phase de démarrage: itérer, pivoter plutôt que d'abdiquer. Il faudrait trouver des solutions innovantes pour faire pivoter la plateforme. La tâche n’est pas simple, mais est possible compte tenu du talent présent au Québec. Les produits sont numérisés, les marchands sont présents, l’infrastructure a été développée, la promotion a été faite auprès des entrepreneurs. Des pistes de solutions peuvent être de:

• Proposer aux marchands d’écouler uniquement leurs invendus sur le Panier Bleu à des prix imbattables pour attirer les consommateurs et réduire le gaspillage.

• Réduire le nombre de marchands et se concentrer uniquement sur un segment afin de reconstruire sur de bonnes bases

• Transformer le Panier Bleu en une plateforme de back-office offrant des données d'intelligence commerciale aux marchands.

• Faire un retour en arrière et créer une communauté autour du Panier Bleu en le transformant en annuaire de références pour les meilleurs marchands du Québec ( par exemple : Le guide Michelin des marchands).

• Se focaliser uniquement sur les distributeurs et offrir une interface de placement de commandes pour les marchands présents sur le Panier Bleu.

• Travailler de pair avec les compagnies qui oeuvrent dans le secteur telles que OneTrip pour offrir des solutions alternatives aux commerces.

La bataille de front avec le géant Amazon est difficile, mais étant plus petit le Panier Bleu jouit d’une potentielle agilité dont ne dispose pas Amazon. Surtout, la fermeture de cette plateforme envoie un signal négatif aux commerces indépendants, qui se sentiront encore plus délaissés.

Cas des chaînes d’épiceries

Rechercher des acteurs étrangers pour stimuler la concurrence peut sembler être une bonne idée à la base. Cependant, on a vu par le passé avec Target que l’intégration au marché canadien peut être un échec et mener à des millions de dollars dépensés. Ensuite, de nombreuses bannières d’épiceries indépendantes sont déjà présentes au Canada. Pourquoi ne pas investir dans la modernisation de ces acteurs indépendants locaux afin qu'ils puissent rivaliser avec les grandes chaînes déjà existantes ? Cette modernisation aura un effet bénéfique non seulement sur les chaînes indépendantes en les rendant plus compétitives, sur les compagnies d’ici qui développent des outils de modernisation des commerces, mais aussi sur les consommateurs qui auront des prix plus abordables et des produits plus diversifiés.

Cela permettra de créer dans un horizon 5 à 10 ans des champions en interne autant dans le secteur technologique que dans le secteur alimentaire qui pourront distribuer les cartes et faire bouger le statu quo. Cependant, la question à se poser est de savoir si cet horizon d’investissement est suffisant pour être une priorité pour un gouvernement qui a un mandat d’une certaine durée.

Il est important pour les commerces indépendants locaux de s'adapter rapidement aux nouvelles réalités du marché et d'explorer ces différentes alternatives. En diversifiant leur présence en ligne et en jouant sur la proximité avec leur clientèle, ils peuvent continuer à prospérer malgré la fermeture du Panier Bleu.

Notre avis

Chez OneTrip, nous soutenons les commerces indépendants. À tort, les gens pensent souvent qu'il s'agit de "petits" commerces. Pourtant, ces établissements génèrent des millions de dollars annuellement et fournissent des moyens de subsistance à de nombreuses personnes. Nous croyons fermement qu'en fournissant les outils technologiques adaptés à ces PME, elles pourront rivaliser avec les grandes chaînes jusqu'à un certain point, tout en offrant une offre plus diversifiée aux consommateurs. Il est impératif de ne pas sacrifier les intérêts des commerces locaux au profit des géants internationaux, qui pourraient compromettre davantage l'économie locale. Au contraire, il faudrait travailler sur des solutions durables qui favorisent la croissance des commerces et renforcent notre écosystème existant. Finalement, est-ce qu’on veut vivre dans un monde dominé par un cartel de grandes chaînes? Qu’en pensez-vous?